du fait au coeur

" Tu me dis, j'oublie. Tu m'enseignes, je me souviens. Tu m'impliques, j'apprends." Benjamin Franklin

Atelier d’écriture : « Memento : qui je suis ? »

Dimanche 14 avril 2024

Comme chaque dimanche, je fais mon jeu d’écriture avec d’autres, via le net.

Voici la consigne du jour :

le disque d’or de la sonde voyager arrive enfin après son lancement en 1977 dans l’espace comme une bouteille à la mer interstellaire sur une planète ou une station spatiale.

Sur ce disque d’or, il y a les sons de la terre suivants :

Oum kalshoum

Martin Lhuter King

Son des baleines

Ressac de la mer

Bruits de casseroles

Chant du coq

Chant des oiseaux

Bruits de marteaux piqueurs

Drap qu’on déchire

432htz

Bols tibétains

a far l’amore du film « la grande belezza »

Amstrong

Polyvagal music

Time de Pink Floyd

La plume sur le papier

Tirade de Shakespeare

Alléluias d’un Choeur de gospel

Musique des elfes

Pleurs rire de bébés

4,33 de John Cage ( c’est du silence)

Adagio for strings de baber

Écrire un texte évoquant la découverte par un extraterrestre de ce disque d’or. Il arrive à le lire. Comment il réagit ? Qu’est-ce que cela lui fait ? Imaginez une chute surprenante.

******************************************************


« Memento : qui je suis ? »

Ce soir-là, trois coups sonnèrent. Mona lisait, puis un ange passa …


  «  Je me souviens de ces instants magiques passés avec mon aventurier number One. 

Il me racontait ses histoires extraordinaires de baroudeur dans les déserts du monde.

C’est lui qui m’a fait découvrir l’œuvre de John Cage, le compositeur de « Dream » et de « 4,33 ».


Chaque fois que nous écoutions, ensemble, le sublime silence de « 4,33 », mon magnifique grand-père prenait le temps de me raconter ses grands voyages, loin de chez nous.

Son aventure merveilleuse avec ce drôle de petit bonhomme qu’il avait vu atterrir près de lui, dans le Sahara, était celle qui m’avait fascinée.

 Je buvais ses paroles. J’aurais aimé être près d’eux. J’étais tombé amoureuse du jeune voyageur de l’espace.

Venu du fin fond de la galaxie , le petit extra-terrestre avait repéré l’accident de mon grand-père casse-cou.

 Ils passèrent plusieurs jours ensemble dans cet oasis entouré de baobabs et de palmiers, sans humains. 

Tous les soirs, ils passèrent de longs moments en tournant comme les derviches tourneurs d’Alep en regardant le ciel, la terre et l’horizon qui formaient le cadre de la piste de danse ensablée.


Anémo m’expliquait comment ils avaient appris , ensemble et pendant le printemps, grâce aux vents du sud, à écouter le silence des sables jusqu’à leur impérieuse séparation.


Le petit prince, comme l’appelait mon « Indiana Jones », avait dû repartir fissa-fissa sur son astéroïde B-612.

Tristes de devoir se quitter, ils s’étaient promis de se retrouver, un jour.

Grand père est mort. J’ai hérité de sa promesse.

Je me suis juré de tout faire pour aller voir l’enfant , d’une façon ou d’une autre.


J’ai donc fait ce qui me semblait être la meilleure façon de retrouver l’ami d’Anémo .

J’ai envoyé le disque d’or avec « 4,33 » l’ode au silence de John Grace vers B-612 dans l’espoir fou de relier les deux absents, séparés.

Il se dit, souvent, que l’espoir est un piège.

Mais qui ne tente rien n’a rien ! J’ai essayé.

Le silence, c’était la belle musique et le lien magnifique des deux amis.


Le 6 décembre 1977, après le crash de la sonde « Voyager », je suis passé au plan B .

J’ai transféré le disque d’or dans la grosse « Volta », ma géniale catapulte à sons interstellaire.

Je l’ai propulsé sur B-612, sans trop savoir si… »

Cette nuit, la jeune Mona, au fil de son étincelante imagination, se raconte ce qu’aurait pu être l’amitié de son grand-père avec l’enfant. 

Il était venu de la lointaine planète bleue ciel, petit point bleu azur dans l’univers.

 Il était reparti sur son astéroïde avec une graine de baobab qui avait dû être planté en souvenir du vieil homme perdu dans le désert d’Afrique.


« -Miracle !! Waouh !! »S’écria le petit prince adossé au baobab bien plus haut que la maison, mais bien moins gros que ceux qui poussaient sur terre.


Le petit homme était le seul sur cette minuscule planète, pas plus grande qu’une maison, à pouvoir entendre le son de « 4,33 »créé par John Cage.


Le grand-père avait transmis son secret du silence, trait d’union sacrée avec l’extra-terrestre, à sa petite fille Mona.

En écoutant le silence de « 4,33 » sur le disque d’or qui venait d’atterrir à ses pieds pour lui donner la chair de poule, quelques larmes coulèrent sur les joues du jeune homme.


C’est à cet instant que Mona ouvrit grand les yeux, et que des rais d’énergie vinrent vibrer sur ses pupilles dilatées . 

Dans ses yeux , se dessina le mot précieux que le petit prince avait prononcé dans les dunes de sable, en quittant le grand-père : « Memento , mémento !! »

Trois heures dix, l’aube est encore loin.

 En imaginant l’ami de son vieux en train de pleurer, Mona n’arrêta plus de répéter : « Mémento » si important pour son grand-père parti.

Elle tourna, se retourna, quand soudain :

Badaboum !

Bim ! Boum ! Ohé !

Mona avait perdu l’équilibre.

Elle se réveilla par terre entre le lit et la table de nuit . La lampe de chevet, éteinte, était tombée sur sa poitrine. 

Il faisait si noir dans la chambre que la jeune femme coincée, prise au piège dans un étau, ne sut plus que faire.

Very bad trip pour Mona !!

Pourtant encore plongée dans sa torpeur nocturne, elle sentit une main douce et légère comme le sirocco saisir la sienne pour la relever .

C’est à cet instant précis que la lampe , comme par miracle, se ralluma sur son cœur.

Il était là, avec ses beaux yeux bleus, juste au-dessus de son visage:

« -Qui je suis ? » Questionna le jeune homme.

« -L’équilibre du monde et de mon cœur ? » répondit Mona avec un visage parsemé d’étoiles brillantes.

Mémento prit Mona dans ses bras après lui avoir dit tendrement : « Je suis Mémento , Mémento  l’ami du silence !! ».

Le prince, beau comme un Apollon, lui fit le premier baiser d’amour dont elle avait tant rêvé, depuis son enfance, en écoutant les histoires merveilleuses de son grand-père.

Le vieil homme à la barbe fleurie s’était envolé pour briller dans le ciel étoilé. Il s’était promis, silencieux, de veiller sur les yeux et le cœur de Mona.

Yééééééh !! Hipipihourra !! Tout est bien qui finit bien !!

Bientôt Mona et Memento vivront heureux et auront beaucoup de « Petit Prince » et de « M&M’s ».

Moralité  de ce joli rêve:  « on ne voit bien qu’avec le cœur. L’essentiel est invisible pour les yeux. » comme disait le renard, messager du vent silencieux.

Posted on