du fait au coeur

" Tu me dis, j'oublie. Tu m'enseignes, je me souviens. Tu m'impliques, j'apprends." Benjamin Franklin

Jeu d’écriture sur la mouche et la solution

Dimanche 16 juin 2024

Consigne du jour

Du point de vue d’une mouche.

Une mouche rentre dans une maison et trouve la poubelle entrouverte. Elle s’y engouffre. Décrire ce que voit la mouche (sorte d’écriture blanche, sans émotion ni suggestions), son voyage parmi les détritus nous apprend qui vit dans la maison… terminer le récit par une chute.

On pourra deviner à la lecture de ce soir 21h qui est le propriétaire de la poubelle !

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« La mouche, le laquais et la solution. »

Souvenons-nous, Charlie : « Il était une fois, loin de l’Amérique. »
1er mai 1945, Paris, dans la rue Nétalon, près de la tour Eiffel, le ciel s’est éclairci à l’aube d’un nouveau jour après une longue période de mauvais temps sur le pays.

Ce matin-là, une mouche sans couronne, ni titre,  effrontée, vaillante, en pleine force de l’âge, vola au-dessus du trottoir où vivaient beaucoup de parisiens travaillant dans la haute administration.

Soudain, une grande poubelle à roulettes, sortie de l’immeuble, poussée par un petit fonctionnaire à la barbe hirsute et sans moustache, qu’elle voyait, tous les jours, faillit la percuter.

En ce début de matinée, le ciel azur contrasta avec la mine sombre du petit homme qui lâcha vite sa poubelle en rampant , glissant comme un serpent, vers le portail qu’il referma très vite pour éviter les regards.

La mouche estomaquée par le comportement bizarre du petit homme aperçut le couvercle de la poubelle entrouverte. Elle voulait savoir ce que renfermait la poubelle du monsieur qu’elle savait célibataire puisqu’elle était déjà rentré dans sa salle de bain dont la porte était tout le temps fermée et ne montrait aucune trace de femme et d’enfant.

L’empressement du petit célibataire était stupéfiant pour la mouche flâneuse , mais pas conne.


Curieuse, la petite bête au regard perçant s’engouffra dans cette boîte remplie de déchets.
Elle découvrit tout un univers dans cette grande poubelle puante.


De nombreux morceaux de tissus de couleur noire avaient été jetés, entassés. Ils remplissaient le contenant en laissant quelques espaces où la mouche pouvait passer sans problème.


Sur ces morceaux d’étoffes découpés par l’homme étaient brodés de grands oiseaux aux serres acérées. Ces volatiles ressemblaient tous au grand rapace que la mouche avait vu posé, la nuit précédente, au sommet de l’immense tour en fer dominant Paris, près du Vélodrome.


En fouillant du regard dans cet amas de linges coupés, moisis , la mouche remarqua de nombreuses pièces, médailles et décorations fixées sur les tissus noirs que le sombre héros de l’amer avait entassés dans cette grande poubelle.


Puis, soudain, en avançant plus vers la profondeur au cœur de cet enfer de toiles noires qui sentaient le renfermé, elle tomba sur un objet en métal qui lui rappela l’histoire racontée par sa cousine, venue d’inde : la mouche à merde du Taj Mahal.


Là-bas, celui ou celle qui pouvait posséder cette petite chose sculptée en forme de croix , au pays de Gandhi, était certain de faire fortune en la gardant précieusement sur lui ou près de lui.


Alors, pourquoi le petit monsieur l’avait jetée avec toutes les autres pièces et médailles marquées de grands oiseaux ?


En volant dans un tunnel de linge sentant la mort, la mouche se fixa sur un bouton en forme de croix face à la une du journal  » Le Monde ».


Intriguée dans cet univers de textile sombre qui ne laissait presque plus passer la lumière, malgré un grand soleil brillant à l’extérieur, elle put quand même deviner ce qui était écrit en grosses lettres dans le titre du « Monde » :


 » Et maintenant, en ce 1er mai 1945 : dix solutions vers la liberté et la démocratie apaisée ? »
La mouche s’étonna :
« – Wow! Encore cette liberté !! Mais, qu’est ce que veut dire ce mot accroché tout à côté : « Démocratie » ?


Le mot « Liberté » ? La mouche en avait saisi le sens depuis quelques temps dans l’air Parisien.

Entourée de toutes ces médailles enveloppées de lanières en tissu noir , la petite bête chercheuse ignorait le sens du terme « Démocratie ».


Cette boîte de Pandore renferme les secrets d’un passé que le petit homme voulait à tout prix effacer au plus vite.


Tous les jours, en survolant les passants dans les rues de la capitale, la créature naïve aux petites ailes entendit :  » Liberté !! Égalité ! Fraternité ! »


Ces trois valeurs, clamées par les passants, pouvaient-elles fonder ou refonder le socle du mot « démocratie » ?


Démocratie grâce à la dissolution d’une emprise, d’un chaos?

Démocratie avec neuf ou dix solutions ?

Démocratie que l’individu craignait, en ce 1er mai 1945.


Comment pouvait-il agir au lendemain d’une mauvaise nouvelle pour lui ?


Comment vivre , à partir de ce 1er mai 1945, sans un dictateur ayant semé la terreur et le chaos pour la démocratie, en Europe ?


Svatiska, la mouche cousine de la vaillante chercheuse était morte, comme une pauvre mouche à merde, le 30 avril 1945 en Inde, dans son palais royal.


La mouche gaillarde, en regardant la poubelle du petit homme vidée par les éboueurs, dans leur camion, s’écria :

 » Adieu médailles ! Décorations ! Aigles impériaux ! Lambeaux d’uniformes noirs appartenant au petit homme déboussolé après la grande solution ou dissolution du chaos « .


Une nouvelle fois, quatre-vingt ans après cette petite histoire pas si banale, souviens toi de cette petite mouche appelée « Liberté  » et des tristes secrets d’un laquais fasciné, dévoilés un 1er mai 1945.

Oui Charlie !! 

Souviens-toi !! 

Et n’oublie pas de transmettre cette banale histoire de la mouche, du laquais et de la solution à qui tu voudras pour éveiller les consciences à la démocratie, à la liberté, à l’apaisement.

Ajaccio, dimanche 16 juin 2024.

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